A la tête de la sécurité des systèmes d’informations dans un centre hospitalier normand, Hervé apprécie l’approche sensibilisation proposée par « Avant de Cliquer », et l’attaque du « premier canal d’infection qu’est le mail ».
Plus de 5000 collaborateurs utilisateurs de données, recourant à l’informatique, à des logiciels très divers. Des fichiers et des dossiers patients, des éléments d’information sur les traitements, l’administration de médicaments, sans oublier les données personnelles des collaborateurs… « Un centre hospitalier est une véritable ruche d’informations. L’attaquer, c’est s’en prendre potentiellement à la santé des patients. Ce dont il faut absolument nous préserver », assure Hervé, responsable de la sécurité et des systèmes d’information au sein d’un centre hospitalier normand.
Hervé répète qu’il est toujours en veille, à l’écoute de son environnement, des infos également. « Il suffit de penser à la problématique des numéros d’urgence qui n’ont pas fonctionné en France durant 24 heures, avec cinq décès imputés car les familles n’ont pu appeler les urgences. Le fait d’un opérateur téléphonique ? Un focus est fait sur un logiciel qui a été défaillant. Quel que soit le résultat de l’enquête, il faut toujours se dire qu’un tel événement peut être occasionné par un acte malveillant. On verra si c’est le cas ou non. En tout cas, se préparer à une telle éventualité est forcément important ».
« Je suis toujours sur mes gardes »
Pour un établissement comme un centre hospitalier, avec de gros enjeux en matière de cybersécurité, une culture personnelle est quasi nécessaire. Hervé, avant de connaître « Avant de Cliquer », nourrissait déjà une grande curiosité pour la prévention. « Normal, j’ai travaillé dans un centre d’appels, j’ai été responsable qualité et processus, responsable de production. J’ai une formation en génie mathématique et en informatique industrielle. Ma culture personnelle est plutôt technique, et j’ai intégré la sécurité des systèmes dans mon approche dès la fin des années 1990. C’est devenu une composante de mes fonctions, et j’ai même rejoint un un collègue qui a monté sa boîte dans le domaine de la sécurité informatique. Donc, je suis un peu rôdé ! »
Mais Hervé revendique d’être toujours sur ses gardes. « Même des profs d’informatique, chez eux, sont sujets à des dysfonctionnements, voire des attaques. Au centre hospitalier, ce qui nous inquiète le plus, ce sont les cryptovirus. On a affaire à des gens qui font de la collecte de données (phishing) ; données qui peuvent être vendues à d’autres acteurs. On a affaire à des gens qui infiltrent les systèmes, à d’autres qui organisent un assaut. Au CHU de Rouen, c’est ce qu’il s’est passé récemment ».
« Comme si quelqu’un changeait votre serrure… »
Pour le responsable de la sécurité et des systèmes d’information, les enjeux sont importants en milieux hospitaliers « qui sont en train de se digitaliser, de s’informatiser, mais restent en retard par rapport à d’autres secteurs comme la banque. Certes, un rattrapage s’opère depuis 2002, avec une transformation numérique en cours. Les nouveaux outils permettent la traçabilité, l’intégrité des données. On se retrouve avec des serveurs spécialisés : dans les labos, en radiologie, en bloc opératoire, chacun avec ses spécificités. On retrouve une multitude de données logiciels associées, qui peuvent donc être exposées. Aussi, le nécessaire rattrapage de l’informatisation des services conduit inévitablement à devoir protéger les données des patients, et les logiciels pour les « soigner ». Car aujourd’hui, ces systèmes – comme dans les préfectures, les collectivités – ont tendance à s’ouvrir. Il suffit de quelqu’un se connectant à une plate-forme de résultats, à une interface type Doctolib, et les problèmes commencent ».
Composantes sécurité, disponibilité de l’information, intégrité des données, confidentialité et traçabilité… Autant d’éléments qui occupent l’esprit du chef de service de ce centre hospitalier normand. « Aujourd’hui, les données de patients ont de la valeur, la donnée médicale a de la valeur. Si on parle de cryptovirus, on est en perte de disponibilité totale, comme si quelqu’un entrait chez vous et changeait votre serrure. Alors notre leitmotive au centre hospitalier, c’est de faire en sorte que la cybersécurité soit une chaîne de valeurs, un maillon du métier. Car ici, tous les jours, nous recevons des mails renvoyant à des liens malveillants. Des gens se sont passer pour d’autres établissements hospitaliers par exemple, contactent des agents. Derrière, il y a forcément une malversation possible. Il faut donc que chaque utilisateur « maison » devienne un maillon fort de la protection ».
« Quelqu’un s’est fait hameçonner… »
Le centre hospitalier recourt depuis longtemps à l’envoi d’information aux agents, sans pour autant pouvoir mesurer leur efficacité. « Tout le le contraire de la démarche avec Avant de Cliquer, assure Hervé. On a présenté la solution dans un premier temps au comité de direction. Et cinquante personnes l’ont évalué. Une fois le test fait, et l’accord de la direction, nous l’avons déployée. J’ai personnellement piloté son développement sur l’ensemble de nos établissements. Nous avons démarré fin 2018, début 2019».
Un élément « extérieur » en 2019, en l’occurrence un cryptovirus, touche d’ailleurs un des établissements du centre hospitalier. « Quelqu’un s’est fait hameçonné, raconte Hervé. Nous avons donc mené une campagne de sensibilisation, insisté à la fois sur les usages personnels et professionnels. Avec l’entreprise Avant de Cliquer, nous avons trouvé un contenu de vulgarisation à la portée des utilisateurs, avec un objectif pédagogique. Nous avons expliqué aux collaborateurs les mécanismes de signalement, les réflexes à mettre en place comme une déconnexion totale du poste, les procédures à mettre en place en cas de messages suspects. »
La simplicité des solutions proposées
Le responsable du service apprécie, dit-il, la simplicité des solutions proposées. « Le prestataire envoie des mails de façon régulière, qui se mélangent aux activités classiques. Lorsqu’un agent se fait avoir, il est sensibilisé à chaud. Et lorsqu’il détecte un mail, une pièce jointe qu’il pense douteuse, il me l’envoie directement. Globalement, 15 à 25 % de utilisateurs allaient naturellement au début sur des mails malveillants, notamment les personnes travaillant la nuit. D’où la nécessité de référents métiers, inscrits dans les propositions d’Avant de cliquer ».
Mais il reste du travail à faire, songe le chef de service. « Certains ont suivi à 90 % la formation, d’autres non, on pu être trop accaparés au demeurant. Ce qui est bien, c’est de maintenir une certaine pression. Car ça finit par payer. Dans un de nos établissements, nous sommes passés, sur 100 mails envoyés, de 10 % de clics qui n’auraient pas dû être à seulement 2 % aujourd’hui. Et la magie du produit, c’est qu’il n’est pas invasif. En moyenne, chaque personne reçoit un mail par mois ».
Le centre hospitalier vient de « resigner » pour l’année 2021-2022. « La direction est rassurée de constater que le nombre de clics diminue, ajoute Hervé. Avant de cliquer, pour moi, cerne bien le sujet ».